MON PÈRE

Mon Père Jacques Stampfli dit Verlier (19 juillet 1933 – 2 juillet 1992).

 

Tout a commencé par Rodolphe Mailler, mon arrière-grand-père conducteur de tram, qui a épousé Maria Ducommun et qui lui a fait cinq enfants, dont Madeleine, ma grand-mère à droite sur la photo.

 

 

Très jeune ma grand-mère Madeleine se marie, une naissance et six mois plus tard le décès de l'enfant, s'en suivra un divorce.

 

 

Puis en faisant du théâtre en amateur, elle fera la connaissance de son deuxième mari, mon futur grand-père, horloger de métier.

 

 

1930, naissance du premier enfant, Claude.

 

 

1933, naissance de mon père Jacques. Les deux frères sont inséparables.

 

 

Le papa de Jacques jouait tous ses dimanches dans la troupe de théâtre de Tramelan dans le Jura, et Jacques à l'âge de six ans, vit son propre père interpréter le rôle de Vautrin et c'est à ce moment qu'il décida que lui aussi deviendrai comédien.

1939 – 1940 La guerre déclarée, crise dans l'horlogerie Suisse, la famille quitta Tramelan pour s'installer à Neuchâtel. Ville plus grande, donc plus de possibilités, le père changea de métier, terminé le théâtre.

 

 

1942, Claude 12 ans, Jacques 9 ans avec leur maman Madeleine… Ça grandit…

 

 

1944, Naissance de Jean-François, le dernier fils de Madeleine.

 

 

A la naissance de mon oncle Jean-François, la famille habite 5 rue de Fontaine-André Neuchâtel Suisse. Dès sa naissance, la sage-femme a dit, « Ho ! Quel merveilleux petit poussin », et bizarrement, cela lui allait si bien, qu'il est resté toute sa vie Poussin pour ses intimes.

 

 

La différence d'âge avec ses frères, 13 ans avec le premier et 11 ans avec le deuxième est importante. Mais il a été adoré par ses frères, par sa maman et par moi qui arriverai dans sa vie, exactement 9 ans et 355 jours plus tard. 

 

 

Tableau réalisé par Jacques Verlier en 1946, il avait 13 ans.

 

 

Sortie de Jacques et de son frère Claude avec des amis, 1950.

 

 

Claude, le fils aîné a commencé par travailler en usine, mais Jacques eut plus de chance, il avait quatorze ans quand il fut inscrit au Technicum de Bienne, une sorte d'Ecole des Beaux-Arts ou il perfectionna ses dons pour la peinture et le dessin. A seize ans, n'ayant toujours pas oublié le théâtre, il décida de partir pour Paris.

 

 

1950, deux mois avant ses 17 ans, il obtiendra une bourse de la ville de Neuchâtel pour intégrer l'école d'art dramatique de Charles Dullin. Ma grand-mère devra rendre des comptes à l'office des mineurs et devra l'aide pour ses dépenses personnelles. Au début, il sera logé chez une relation parisienne de ma grand-mère, mais très vite il échange sa chambre de Neuchâtel contre une chambre de bonne, rue Visconti.

 

 

C'était l'époque de la vache enragée (anecdote du site 09 et 52). Très vite il est remarqué par ses professeurs et est parrainé par Madeleine Robinson et Gérard Philippe.

 

 

Durant toute cette période, mon père s'est toujours inquiété pour son frère âgé de six ans. N'ayant pas de grands moyens, il lui confectionnait ses futurs cadeaux, comme il le fera pour moi plus tard, mais ce sont toujours les plus beaux. S'adressant dans une lettre à son frère Claude….

 

 

A six ans Poussin était déjà casse-cou et cela me rappelle une anecdote rigolote avec ses frères. Ils étaient tous les trois dans la forêt et les grands frères voulant gentiment lui faire peur, ont simulé l'approche d'une bête fauve. Poussin ne s'est pas démonté, il s'est mis à ramper avec son poignard en bois serré entre ses dents et a dit : « Ne vous inquiétez pas, je suis là ».

 

 

1952, Madeleine Robinson devait tourner un film à Rome et a proposé mon père pour un rôle très important, celui de son fils. Il partira pour Rome, obtiendra un contrat pour tourner dans trois films. Madeleine Robinson s'étant désistée pour d'autres contrats à honorer sa maman sera la grande actrice de théâtre italien, Elisa Cegani.

 

 

 

Rapidement après son premier film, un deuxième sera tourné. C'est « Saluti e Baci », « La route du bonheur » une co-production franco-italienne de Maurice Labro et Giorgio Simonelli.

 

 

S'en suivit une grève du cinéma italien, le troisième film ne put se faire et mon père retourna à Paris. Là, il fera du théâtre au TNP de Jean Vilar avec Gérard Philippe dans « Nuclea » et d'autres pièces dont « Le repas des oiseaux ».

 

 

Dès son retour de Rome, toute sa famille passe le voir à Paris. Mais après les tournages en Italie, et la crise qui s'en suivit, mon père rentra sur la Suisse et fit quelques boulots pour se renflouer. Puis retour à Paris, petits rôles au théâtre, aussi à la radio et castings infructueux.

 

 

C'est durant cette année 1953 qu'il va tomber amoureux d'une jeune comédienne, Lucile Saint-Simon, ils participeront au tournage de « Si Versailles m'était conté » de Sacha Guitry.

 

 

Ils vont faire une tournée théâtrale en Guadeloupe (voir anecdotes 20 et 82). Une chance, car ce premier voyage aux Antilles était presque un voyage de noce, Lucile Saint-Simon et Jacques Verlier attendent un enfant. Ils décident de se marier en Suisse et n'ayant pas de travail, ils réalisent des moulages de visages pour améliorer leurs finances.

 

 

Après quelques mois passés en Suisse, ils retournent à Paris et le 8 mai 1954, j'arrive dans leur vie.

 

 

A l'âge de trois mois, installée dans un hamac suspendu dans le compartiment du train, je me suis retrouvée chez ma grand-mère paternelle, Madeleine Mailler à Neuchâtel en Suisse. Elle va me servir de maman. Ci-dessous, les seules photos que j'ai avec mes parents réunis. Lucile devait s'occuper de sa carrière montante et n'a pas eu le temps de s'occuper de moi durant sa vie.

 

 

Une deuxième tournée théâtrale aux Antilles durant huit mois, où il jouera dans seize pièces, « L'école des femmes », « Georges Dandin », « Il est minuit Docteur Schweizer », et « Le don d'Adèle » … Lucile travaillant de plus en plus de son côté, le couple n'y a pas résisté. Et c'est en 1960 que mes parents divorceront.

1959, mon père en tournée joue dans « Lucy Crown » d'Irwin Shaw. Yves Vincent et mon père laisseront une anecdote scabreuse (97). Et une nouvelle qui a peiné tous les amoureux du spectacle.

 

 

La même année, suivra « La Folie » de Louis Ducreux qui laissera une anecdote rigolote (105).

 

 

1960, il sera Roméo dans la pièce de William Shakespeare « Roméo et Juliette » qui donnera l'occasion d'une autre anecdote me concernant (86).

 

 

1961, il tourne pour la télévision « La reine offensée » de Dominique Varenne d'après Villiers de l'Isle-Adam.

 

 

Il enchainera pour le cinéma le personnage de Paul de Mannerville dans « La fille aux yeux d'or » de Jean-Gabriel Albicoco.

 

 

1961, il joue dans les Maxibules de Marcel Aymé avec Jacques Dufilho et Françoise Christophe.

 

 

Toujours en 1961, il courtisera Brigitte Auber jusqu'en Afrique du Nord dans la tournée théâtrale de « Monsieur Masure ».

 

 

1961, à l'époque du Madison, il présentera sa nouvelle épouse Anne-Marie à ses frères.

 

 

1963, il interprétera Humphrey Devize dans « La dame ne brûlera pas » de Christopher Fry. 1963,1964, il enchaine avec « Sainte Jeanne » au côté de Danièle Delorme.

 

 

1965, mon père repartira en tournée avec Edwige Feuillère dans « La Parisienne » d'Henry Becque (anecdote 16) et « On ne saurai penser à tout » d'Alfred de Musset.

 

 

1965, il fut dans la création de la pièce « Le repos du septième jour » de Paul Claudel (anecdote 106).

En même temps, il tourna trois dramatiques pour la télévision : « Commandant X » avec Michel de Ré, « Celui qui ne croyait Pas », et « Goetz de Berlichingen ».

 

 

1966, il va jouer Jehanne Vérité de Raymond Legrand avec Colette Renard au Cirque de Montmartre deux ans après avoir joué dans « Sainte-Jeanne » avec Danièle Delorme. Dans le même temps il va tourner pour la télévision, « Madame Butterfly, Le Miroir à trois faces » ainsi que « Il ne faut pas jouer avec le feu » d'August Strindberg pour l'ORTF.

 

 

1966, il fera un rôle majeur dans une création qui a été un très grand succès durant trois ans jusqu'au décès de son actrice principale Jane Sourza (anecdotes 11, 73 et 94).

 

 

Durant ces trois années, il tourne en parallèle pour la télévision : « Salle 8 » dans le rôle d'un chirurgien, (l'été sur la plage un fan lui demande un autographe tout en lui demandant conseil sur son intervention à faire pour supprimer sa cicatrice). L'Œuvre, d'Émile Zola, réalisé par Pierre Cardinal et tourne dans « Treize à table » pour « Au théâtre ce soir ».

 

 

1968, avec Anne-Marie, mon père a son deuxième enfant, Thomas. Ayant beaucoup de temps libre à cause des évènements, il crée des inventions et se remet à la peinture.

 

 

1968, un article dans « La tribune de Lausanne ».

 

 

1969, il tourne dans quatre séries pour la télévision, « Une femme à aimer » de Robert Guez, « SIAL IV » (anecdote 107) « Allo police » d'Adonis Kyrou et « Fortune » réalisé par Henri Colpi.

 

 

1970, il tourna dans « Qui a volé le Terril » qui devait faire partie d'une série réalisée par Michel Ayats. Son personnage, « Abel Bonaventure Costa » une sorte de redresseur de torts, version moderne du « Saint ». Puis dans « Un chien de sa chienne » dans la série Franco-Canadienne « Le service des affaires classées » réalisé par Georges Franju.

 

 

1971-1972, c'est durant la tournée théâtrale de « L'Idiote » avec Dany Carrel et François Guérin que mon père croisa le chemin de Marion Game qui elle, se trouvait dans la tournée de « La Baby-Sitter » et « Deux femmes pour un Fantôme ». Il s'avère que Cupidon était passé par là, mon père fera avec elle un bout de chemin et deux enfants, Romain et Mathieu.

 

 

D'ailleurs, les gènes familiaux sont biens préservés, Mathieu le frère cadet de Karine est devenu peintre.

 

Ses tableaux de l'île de Noirmoutier.

 

 

1972-1973, cette fois la tournée est « Folle Amanda » avec Jacqueline Maillan.

 

 

1973, il tourne dans une coproduction Franco-Suisse-Canadienne, réalisé par Hubert Cornfield pour la télévision, « La consultation ». Il tourne également « Pour Vermeer » de Jacques Pierre.

 

 

 

1974, une série ou il tourna un rôle important, « Valérie » de François Dupont-Midy.

La même année, un petit rôle face à Florinda Bolkan dans « Le Mouton enragé » de Michel Deville.

Au théâtre, il fut irrésistible dans « Le saut du lit » de Ray Cooney.

 

 

1975, il tournera un petit rôle dans, « Oublie-moi Mandoline » de Michel Wyn.

1975, au théâtre, « l’Arc de Triomphe » de Marcel Mithois, avec Sophie Desmarets (anecdote 28).

Et en 1976, une reprise de la pièce « Le Tube » de Françoise Dorin et « Un Monsieur qui attend » de Louis Ducreux au théâtre.

 

 

1977, au théâtre, « La femme de ma vie » de Louis Verneuil, mise en scène de Michel Roux, il sera Edouard Parisot face à Danielle Volle.

 

 

1978, Il fera une petite apparition cinématographique dans « La Carapate » de Gérard Oury et en 1979 sa dernière pièce de théâtre, « Une femme trop honnête » d'Armand Salacrou. Au cours de sa carrière, il participera à quelques pièces radiophoniques dont le rôle délicat du Prince Mychkine, dans « l'Idiot » de Dostoïevsky pour la RSR.

 

 

Puis en 1980, il participera à une série réalisée par Marc Simenon « KICK, Raoul, la moto, les jeunes et les autres ». Ce sera son dernier tournage, mais sa vie ne se termine pas en 1980.

 

 

En 1980, il fera une dernière apparition dans « Le regard de l'aigle », de Jean-Jacques Lagrange pour la télévision Suisse Romande.

 

 

Depuis toujours, très habile de ses mains, il savait tout faire. Il m'avait cousu un pantalon avec gilet pour mes trois ans. Comme cadeau, il m'avait fabriqué un décor de théâtre (fenêtres à petits carreaux, lit à baldaquin, coiffeuse, commode,) tout en carton. Bref j'y ai joué mais à la longue, le carton n'a pas résisté.

Lors d'une tournée théâtrale, Henri Guisol lui avait appris des tours de magie et de transmission de pensées qu'il a su reproduire au cours de soirée. Il savait amuser et n'était jamais à court d'idées (anecdote 22). Chaque fois que mon père venait me voir, c'était la joie.

Il bricolait, réparait, refaisait, décorait, inventait…Touche à tout, il ne jetait rien car tout lui servait. Du gadget à l'invention dans le domaine médicale, du jeu pour enfant à l'outil indispensable, voici les vidéos et explications d'une partie de ses inventions.

Il bouillonnait d'idées dans différents domaines, a trouvé des financiers pour les réaliser et pourtant elles ne sont pas sorties sur le marché, d'autres intérêts rentraient en jeu. Voici les preuves de ce que j'avance.

 

 

1983, son dernier mariage avec Florence Simonin, la fille de son principal financier qui lui avait demandé de venir vivre à Genève pour réaliser ses inventions.

 

 

Il allait avoir 59 ans quand il est décédé en 1992 d'un cancer des os.

 

Wikipédia de Jacques Verlier.